— Va passer la serpillère, elfe.
Amalia esquisse un sourire mauvais. Elle se fiche bien des insultes raciales que les tévintides lâchent à son égard, car elle sait qu’elle vaut que mieux que ça. Et de toute façon, un simple « elfe » s’avère plutôt neutre, presqueamical quand on le compare aux oreilles pointues ou aux oreilles de lapin . Elle a appris depuis toute gamine à ne pas relever ces mots qui se veulent dégradants.
Toutefois, elle estime avoir le droit à un minimum de reconnaissance en tant que suivante du Chevalier-Commandant de Minrathie. Elle n’est pas n’importe quel elfe, et encore moins une traîne-savate tout juste bonne à passer la serpillère.
— Je t’ai demandé l’épée du Chevalier-Commandant, humain.
Le forgeron la dévisage interloqué. Il ouvre la bouche, puis la referme avant de gober les mouches. Il n’a pas l’habitude d’une telle répartie de la part d’une esclave. Il ne la connaît pas, en même temps. De ce qu’Amalia sait, ce forgeron bedonnant n’est que le cousin du propriétaire actuel de la forge, de passage pour aider en cette période chargée. Pour une raison ou pour une autre, les rumeurs proférées par la Chantrie poussent les badauds à redouter un nouvel Enclin.
— Me fais pas croire que l’messer Templier enverrait un grouillot comme toi.
Il frappe son marteau contre l’enclume. Le son du métal contre le métal résonne comme une menace. Il la défie de s’aventurer plus loin sur ce chemin. Amalia soupire.
— Je te jetterais un sort d’imbécilité si j’étais certaine de mieux faire que la nature.
Il balbutie, sa main tremble autour de la poigne de son marteau. Son regard furète aux alentours, cherche un refuge ou un soutien quelconque, puis ses yeux tombent sur la masse d’Amalia. Il la fixe un instant ; et il faut bien une minute complète pour qu’il assimile l’information – l’effort de sa journée.
— T’es pas mage.
— Merci de m’aveugler de cette brillante information.
Le rouge de gêne lui monte aux joues, et il baragouine des insultes dans sa barbe inexistante. Il se replie à l’intérieur de la boutique – fuir serait plus exact – et Amalia attend à l’extérieur. Avec un peu de chance, il aura l’intelligence de mander son cousin, qui lui ne tergiversera pas autant.
Les minutes s’égrènent. Amalia écope de regards dédaigneux de la part d’autres clients. Une elfe, à la forge ? Armée de surcroît ? Quelle impolitesse. Et comme pour parfaite cette image abominable, elle garde sa main poser sur le pommeau de sa masse. Droite et fière, personne ne lui dirait quoi que ce soit si ses oreilles n’étaient pas aussi longues.
Certains ne lui disent rien malgré la longueur de ses oreilles.
— Amalia ! Désolé pour mon crétin de cousin.
Le propriétaire de la forge sort de la boutique, le sourire radieux sur les lèvres. Le crâne aussi dégarni que son cousin, ils se ressemblent plutôt – le ventre en moins. Neron a le mérite d’être encore au meilleur de sa forme, et d’entretenir sa forme également.
Il lui tend l’épée du Chevalier-Commandant, rangée dans son fourreau. Un petit paquet l’accompagne. Amalia arque un sourcil.
— Petit cadeau de ma femme. Pour le dérangement
— Il ne fallait pas.
— Mais si, mais si ! Il faut bien ça pour supporter mon idiot de cousin. Il est doué à la forge, mais c’est pas une flèche.
Neron lui met le paquet dans les mains pour l’empêcher de refuser davantage. Amalia se laisse aller à un sourire.
— Merci.
— Ba, nous remercie pas. Allez, vas-y, ton Chevalier-Commandant attend son épée, qu’on te retienne pas inutilement.
Amalia hoche la tête, le remercie encore, puis reprend sa route.
A Minrathie, elle sépare les commerçants en deux catégories ; ceux qui ne la connaissent pas, et qui la traitent comme n’importe quel autre miséreux, et ceux qui ont appris à la connaître. Les premiers ne méritent que son indifférence. Quant aux seconds, elle aime leur rendre visite et discuter avec eux. En particulier quand ils lui offrent ses sablés préférés.
Amalia esquisse un sourire mauvais. Elle se fiche bien des insultes raciales que les tévintides lâchent à son égard, car elle sait qu’elle vaut que mieux que ça. Et de toute façon, un simple « elfe » s’avère plutôt neutre, presque
Toutefois, elle estime avoir le droit à un minimum de reconnaissance en tant que suivante du Chevalier-Commandant de Minrathie. Elle n’est pas n’importe quel elfe, et encore moins une traîne-savate tout juste bonne à passer la serpillère.
— Je t’ai demandé l’épée du Chevalier-Commandant, humain.
Le forgeron la dévisage interloqué. Il ouvre la bouche, puis la referme avant de gober les mouches. Il n’a pas l’habitude d’une telle répartie de la part d’une esclave. Il ne la connaît pas, en même temps. De ce qu’Amalia sait, ce forgeron bedonnant n’est que le cousin du propriétaire actuel de la forge, de passage pour aider en cette période chargée. Pour une raison ou pour une autre, les rumeurs proférées par la Chantrie poussent les badauds à redouter un nouvel Enclin.
— Me fais pas croire que l’messer Templier enverrait un grouillot comme toi.
Il frappe son marteau contre l’enclume. Le son du métal contre le métal résonne comme une menace. Il la défie de s’aventurer plus loin sur ce chemin. Amalia soupire.
— Je te jetterais un sort d’imbécilité si j’étais certaine de mieux faire que la nature.
Il balbutie, sa main tremble autour de la poigne de son marteau. Son regard furète aux alentours, cherche un refuge ou un soutien quelconque, puis ses yeux tombent sur la masse d’Amalia. Il la fixe un instant ; et il faut bien une minute complète pour qu’il assimile l’information – l’effort de sa journée.
— T’es pas mage.
— Merci de m’aveugler de cette brillante information.
Le rouge de gêne lui monte aux joues, et il baragouine des insultes dans sa barbe inexistante. Il se replie à l’intérieur de la boutique – fuir serait plus exact – et Amalia attend à l’extérieur. Avec un peu de chance, il aura l’intelligence de mander son cousin, qui lui ne tergiversera pas autant.
Les minutes s’égrènent. Amalia écope de regards dédaigneux de la part d’autres clients. Une elfe, à la forge ? Armée de surcroît ? Quelle impolitesse. Et comme pour parfaite cette image abominable, elle garde sa main poser sur le pommeau de sa masse. Droite et fière, personne ne lui dirait quoi que ce soit si ses oreilles n’étaient pas aussi longues.
Certains ne lui disent rien malgré la longueur de ses oreilles.
— Amalia ! Désolé pour mon crétin de cousin.
Le propriétaire de la forge sort de la boutique, le sourire radieux sur les lèvres. Le crâne aussi dégarni que son cousin, ils se ressemblent plutôt – le ventre en moins. Neron a le mérite d’être encore au meilleur de sa forme, et d’entretenir sa forme également.
Il lui tend l’épée du Chevalier-Commandant, rangée dans son fourreau. Un petit paquet l’accompagne. Amalia arque un sourcil.
— Petit cadeau de ma femme. Pour le dérangement
— Il ne fallait pas.
— Mais si, mais si ! Il faut bien ça pour supporter mon idiot de cousin. Il est doué à la forge, mais c’est pas une flèche.
Neron lui met le paquet dans les mains pour l’empêcher de refuser davantage. Amalia se laisse aller à un sourire.
— Merci.
— Ba, nous remercie pas. Allez, vas-y, ton Chevalier-Commandant attend son épée, qu’on te retienne pas inutilement.
Amalia hoche la tête, le remercie encore, puis reprend sa route.
A Minrathie, elle sépare les commerçants en deux catégories ; ceux qui ne la connaissent pas, et qui la traitent comme n’importe quel autre miséreux, et ceux qui ont appris à la connaître. Les premiers ne méritent que son indifférence. Quant aux seconds, elle aime leur rendre visite et discuter avec eux. En particulier quand ils lui offrent ses sablés préférés.